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Interview avec Emile Balembois et Toni Chécchin, nos experts des Limites Planétaires

Les travaux de France Villes et territoires Durables se renouvellent pour proposer les limites d’habitabilité de la planète comme nouvelle boussole des politiques publiques.  

Découvrez cette interview avec nos experts : Emile Balembois, doctorant Territorialisation des limites planétaires et enjeux sociaux et Toni Chécchin, notre chargé de projet  Territorialisation des limites planétaires. 

La 3ème édition de Villes Durables en actions a été dédiée à la régénération et l’intégration des Limites Planétaires dans les activités des collectivités et des entreprises.

En quoi les limites planétaires offrent de nouvelles perspectives pour accélérer la transformation des villes et territoires ?

TC : Le concept de Limites Planétaires a plusieurs atouts que nous listons dans notre fiche synthétique sur les limites planétaires. Nous y définissons plusieurs étapes nécessaires à un aménagement territorial sobre, résilient et inclusif, notamment le diagnostic territorial, la priorisation des enjeux, la définition d’un projet collectif et l’évaluation et la communication des actions. 

Il donne à voir les différents processus naturels du Système Terre bouleversés par les activités humaines qui mettent en péril les conditions d’habitabilité de nos territoires. C’est une nouvelle métrique de la planification écologique d’une grande clarté qui facilite l’appropriation par les élus et services techniques comme outil de reporting et de communication efficace sur les enjeux, actions mais aussi pour pointer les forces et faiblesses du territoire.

EB : Le concept de Limites Planétaires fournit ainsi des clés de compréhension et des métriques pour les 9 limites planétaires qu’il référence pour mieux appréhender les enjeux liés à leur dépassement.

Son aspect visuel permet d’animer les discussions sur la transformation des villes et des territoires. Il est ainsi utilisé dans de nouveaux outils comme le donut. Ce concept, tiré de l’économie du même nom et théorisé par Kate Raworth, invite à avoir une réflexion globale sur l’économie d’un territoire en définissant l’impact de ses actions entre un plafond environnemental (cercle extérieur représenté par les limites planétaires) et un plancher social (cercle intérieur définissant des minimas de justice sociale).

 

Des collectivités sont déjà en train d’adopter ce cadre logique dans leurs stratégies. Pourriez-vous nous citer quelques exemples ?

EB : En effet des collectivités s’emparent de cette nouvelle boussole de la planification écologique partout dans le monde. Une soixantaine de villes l’ont déjà utilisée pour renforcer leurs politiques territoriales au regard des conditions d’habitabilité de la planète. L’ONU, l’Union européenne ainsi que le Commissariat Général au Développement Durable en France s’en sont également saisis et en font un cadre incontournable.

En France, 4 collectivités sont pionnières.

La Ville de Grenoble a fait son “Portrait Donut” pour dresser un diagnostic des enjeux socio-environnementaux et mesurer la qualité de ses politiques publiques et stratégies. La Métropole de Lyon a produit une étude prospective des risques qui pèsent sur son territoire suite au dépassement des limites planétaires en mettant en regard la réponse de ses politiques territoriales.  Leur étude synthétise le concept en fiches pédagogiques très facile à comprendre. 

TC : Je pense aussi à Caux Seine Agglo et Valence-Romans Agglo. Ils utilisent cette nouvelle boussole dans l’évaluation et l’aide à la décision autour de leur projet territorial. 

Caux Seine Agglo a notamment discriminé, avec notre concours, son projet pluriannuel d’investissement au regard des limites planétaires et des piliers du manifeste de France Villes et territoires Durables avec pour choisir de financer les projets les plus vertueux. 

Valence-Romans Agglo utilise le “Donut” pour suivre une vingtaine de projets structurants de son territoire, évaluer ses actions et en rendre compte aux décideurs pour montrer les points forts, faire évoluer les projets et préparer le prochain Plan Pluriannuel d’Investissement.

 

France Villes et territoires Durables souhaite faciliter la mise en œuvre de ces concepts sur le terrain. Pourriez-vous nous parler des travaux en cours ?

TC : France Villes et territoires Durables participe à la sensibilisation, à l’institutionnalisation et l’opérationnalisation de ces concepts dans nombres de ses actions. 

Cette année, nous avons changé notre logo et fait évoluer notre Manifeste pour intégrer les limites planétaires. Nous diffusons également le concept dans les collectivités de France et à l’international et chez nos membres par nos ateliers, nos groupes de travail et nos multiples travaux et interventions. 

Nous participons à la mise en œuvre des concepts notamment par la coordination d’un groupe de travail du PFVT sur les limites planétaires pour porter cette vision au  Forum Urbain Mondial du Caire de 2024.

EB : Nous sommes devenus “organisation in action” avec le DEAL, le laboratoire de Kate Raworth qui œuvre à l’opérationnalisation du Donut à travers le monde afin de  diffuser et développer des outils pour l’appliquer sur le terrain en France. 

Enfin nous sommes engagés dans la recherche action par le financement et le soutien de thèses sur la territorialisation des limites planétaires dont la mienne. Il y a une véritable volonté de nous rapprocher de la science et de stimuler la recherche afin de déployer une dynamique de fond dans l’(a)ménagement du territoire. 

 

Pour aller plus loin

👉Découvrez notre fiche synthétique sur les limites planétaires

🎬Revivez la table ronde sur les limites planétaires et les besoins essentiels de Villes Durables en actions (VDA) en replay

📗Consultez  la dernière publication du CGDD “La France face aux neufs limites planétaires”

About Solène

Mission Officer, Working Group, and Projects. Student at the Urban School of Sciences Po Paris, focusing on the ecological transition of cities.

About Quentin

Motivated by climate issues and planetary boundaries, Quentin decided to study land use planning at the Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. His experience in associative field at the Fresque du Climat, helped him to better understand the stakes of the ecological bifurcation. Between his native Haute-Savoie and his home town Rennes, where he gained expertise in mobility and sustainable agriculture, he is now based in Paris to deploy the Sustainable City by France’s territorial workshops throughout the country.

About Alice

After five years’ study at Sciences Po Lyon, with a specialization in territorial transitions, Alice joined Sustainable City by France (France Villes et territoires Durables). She actively contributes to the deployment of the association’s territorial workshops and working groups.
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Currently studying as a second-year Master’s student in International Relations at University Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Tara holds a Bachelor’s degree from INALCO, with a double-major in Hindi language, and International relations / Environmental studies. Her work with us is in line with her former experiences at UNESCO and the Ministry of Europe and Foreign Affairs, thus deepening her professional expertise in the field of environmental diplomacy and international cooperation for sustainable development.

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She holds a Master’s degree in Development Economics from the Panthéon-Sorbonne University and is currently studying for a Master’s degree in International Relations and Action Abroad at the same university. She approaches the problems of sustainable cities and territories through these different perspectives and her international experiences.

About Isabelana

Isabelana is a Mexican journalist who holds a Master’s degree in Digital Communication and Data Analysis from the Sorbonne University. She previously worked in communication and press relations in the cultural sector in France and Mexico. Today, she is interested in ecological actions and solutions to preserve the environment and the biodiversity.

About Camille

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With a background in social sciences, art history and architecture, Camille has worked in communication within the VINCI group: from major international projects to La Fabrique de la Cité, a think tank dedicated to urban foresight.

About Alexandra

A geographer by training (Saint Petersburg State University), she started as a geographer and economist at the Academy of Agricultural Economics (Russia), before pursuing her career in France as an administrative and accounting assistant (Air Liquide, Association TGV Provence Côte d’Azur, COFHUAT, Groupe Hervé)

About Marion

Trained in international and European affairs between England and France as part of a double degree at Sciences-Po Lille / University of Kent, Marion started her career in advocacy and institutional relations of non-governmental organisations, in the fair trade sector (Max Havelaar France label). Her experiences are also linked to territories, with a passage in decentralised cooperation at the level of a departmental council.

About Sébastien

Before joining the SCbF team, he held several positions in local government management. From elected official and deputy mayor of his native city Besançon, in charge of university relations and international cooperation, to Director of Economic Development of the City of Pantin, to Chief of staff in Montreuil – where he notably piloted the in-depth redesign of the urban project towards more ecology and sustainable development – he continued his career as Senior Resilience Officer of the City of Paris.
He promotes a holistic and systemic vision of sustainable development and brings his expertise in territorial resilience, ecological and social transition.
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