Dans cette interview, Antoine Yeretzian, Directeur du développement chez Axa Climate (membre de France Villes et territoires Durables) nous partage les bénéfices de se former à l’Ecole du climat pour se sensibiliser et mieux comprendre les défis du changement climatique.
1/ Pourriez-vous revenir sur la genèse d’Axa Climate et de l’École du Climat ?
Tout est parti d’un constat simple : les communes sont en première ligne du changement climatique, à la fois parce qu’elles sont les premières concernées par ses impacts, mais aussi parce qu’elles disposent de puissants leviers pour le freiner ou en limiter les conséquences.
Or à AXA Climate nous sommes depuis quelques années un acteur de référence pour la sensibilisation on sur les questions de transition ; plus de 4 millions de personnes dans le monde travaillent avec nos formations, et des institutions de référence comme l’ADEME, la Croix-Rouge, HEC, et de nombreuses multinationales comme Saint-Gobain, Decathlon…
L’École du Climat est l’étape d’après, logique : nous mettons notre savoir-faire au service des collectivités locales. Après une année de travail, des contenus développés avec spécialistes, des élus et des acteurs terrains, un projet pilote avec la ville de Nice, et voilà : nous avons lancé l’École du Climat officiellement en juin 2023.
L’ambition est simple : mettre à la disposition des collectivités un outil permettant de toucher tous les agents et tous les élus du territoire, s’assurer qu’ils partent d’une même base scientifique pour prendre les bonnes décisions, et leur donner l’envie et les pistes du passage à l’action en partant de ce qui se fait déjà sur tout le territoire.
2/ Une enquête d’Intercommunalités de France révélait à l’été 2022 que l’adaptation au changement climatique était le grand oublié des PCAET. Où en sont selon vous les collectivités / entreprises à l’heure actuelle ? Ont-elles les compétences et l’ingénierie nécessaire ?
Effectivement on a longtemps laissé ce sujet de côté, pour se concentrer sur l’atténuation, la réduction des émissions – c’est-à-dire que l’on s’est concentré sur les causes plutôt que sur les conséquences. C’est naturel, car le changement climatique est longtemps resté « impalpable » dans ses effets directs ; il y a un reversement depuis que l’on connait, sur l’ensemble du territoire, des bouleversements brutaux – comme des pluies diluviennes – ou progressifs – comme la disparition du manteau neigeux des stations de moyenne altitude.
Désormais l’adaptation est davantage dans les consciences des décideurs, à défaut du grand public. C’est une très bonne chose car ide nombreuses mesures d’adaptation, lorsqu’elles sont fondées sur la nature, amènent de puissants co-bénéfices, et facilitent l’acception sociale ; pensez que restaurer une zone humide permet parfois à la fois d’éviter des inondations, de stocker davantage de carbone, et de faire revenir les oiseaux que les habitants et touristes peuvent aller voir avec plaisir !
Trois limites aujourd’hui subsistent à la prise en charge de ces enjeux : la compréhension des enjeux d’abord, les besoins financiers ensuite – l’I4CE dans une étude de 2022 chiffrait à 2,3 milliards d’euro par an 18 mesures d’adaptation sur le territoire, une somme considérable alors que les moyens des collectivités se réduisent – mais aussi la capacité technique : chefs de projets, ingénieurs, expert. Une expertise présente dans certaines agences d’État, mais en quantité insuffisante pour la taille du défi.
3/ L’intitulé de l’école invite naturellement à un prisme climat / carbone. Comment sont traités les autres enjeux clés pour la préservation de l’habitabilité de la Terre (limites planétaires) ?
C’est une très bonne question. Dans le privé, nous balayons déjà l’ensemble des problématiques : biodiversité, cycle de l’eau, épuisement des ressources… Ces questions sont puissamment interconnectées, et une vision partielle du problème conduit souvent à prendre de mauvaises décisions ; pour ne prendre qu’un exemple, si on ne pensait que climat on planterait des panneaux solaires partout – au risque de fragmenter de précieux habitats naturels…
Dans l’École du Climat, nous mettons à disposition des collectivités ces contenus fondamentaux pour comprendre l’effondrement du vivant, le risque sur les ressources… en revanche pour l’instant sur le sujet des collectivités elles-mêmes nous avons choisi un prisme très « climat » avec notre cours sur la Transition Climatique des Territoires. Nous abordons parfois les interconnexions avec les autres sujets, mais plutôt sous l’angle des écobénéfices ou des risques connexes. Pour une raison simple : on ne peut pas demander à une élue ou un agent de se former pendant des heures et des heures sur tous les sujets. Il fallait faire des choix.
En revanche nous planifions déjà de prolonger notre collaboration avec les premières collectivités qui nous font confiance, et d’ajouter de futurs cours sur la biodiversité, l’artificialisation des sols… pour de futurs nouveaux déploiements. Notre partenariat ne se joue pas sur quelques mois, mais bien sur le temps long pour faire infuser ces sujets durablement dans la collectivité.
4/ Quelles sont les modalités d’accès à l’École du Climat ?
Grâce au soutien de l’association AXA Prévention, l’École du Climat est dès à présent gratuite pour les villes de moins de 10 000 habitants ; c’est quelque chose dont nous sommes très fiers, car ce programme disponible sur le site macommuneenaction.fr concerne 97% des communes de France, celle qui ont dramatiquement besoin d’appuis, de synthèse et de plan d’action sur ces questions, et peu de moyens. Nous espérons que cette formation pourra leur apporter les bonnes réponses.
Pour les communes et inter-communes de plus de 10 000 habitants, nous avons un système de licence, qui dépend de la taille de la collectivité, et qui tourne autour de quelques dizaines de milliers d’euros pour les plus grandes. Cela permet de construire des parcours sur mesure, et un dispositif adapté aux contraintes terrain et aux priorités politiques. Nous sommes très heureux de travailler déjà avec une demi-douzaine de collectivités de toutes tailles, comme Meudon, ou la communauté d’agglomération de Marne et Gondoire, et espérons continuer à nous déployer davantage à travers la France. Le soutien officiel du Ministère de la Transition Écologique, et les premiers déploiements réussis et les très beaux retours à notre stand lors du salon des maires nous donnent en tout cas une belle énergie pour l’année qui nous attend, alors n’hésitez pas à nous écrire pour faire partie de l’aventure sur ecoleduclimat.fr !
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