La singularité de l’association repose dans sa capacité à fédérer tous les acteurs professionnels publics et privés – y compris l’Etat et ses opérateurs publics – pour accélérer la transformation durable des territoires.
Jean-Baptiste Butlen, sous-directeur à l’aménagement durable (MTECT-DHUP/DGALN) est Vice-Président de l’association pour le collège Etat depuis 2020, et Anne-Claire Mialot, Directrice générale de l’ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine) est la nouvelle trésorière.
Pouvez-vous revenir sur la genèse de l’association et les raisons de l’implication de l’Etat dans France Villes et territoires Durables ?
JB Butlen – L’Institut pour la Ville Durable (IVD), qui préexistait à FVD a été impulsé dès 2014, en réaction au rapport « la ville durable, une politique à construire » de M. Rolland Peylet, Conseiller d’Etat, qui préconisait une approche partenariale pour la ville durable, avec la création d’une structure dédiée pour pallier le manque de coordination des différentes initiatives sur le sujet. L’Etat a d’abord confié la mise en œuvre de ce réseau à ses opérateurs publics – l’ANRU – et la Banque des Territoires, qui assurait alors la Vice-Présidence pour le collège Etat. A l’occasion des 10 ans du plan ville durable en février 2020, l’IVD a fusionné avec le réseau Vivapolis pour devenir France Villes et territoires Durables, association composée de quatre collèges (Etat, Collectivités, Entreprises, Experts) et présidée par Patrice Vergriete, maire et président de la communauté urbaine de Dunkerque : j’ai alors pris mes fonctions à la Vice-présidence, pour représenter le MTECT au sein du collège Etat.
AC Mialot – L’ANRU a en effet joué un rôle « historique » pour l’association. Nicolas Grivel, mon prédécesseur, a mené la mission de préfiguration de l’Institut pour la Ville Durable, initiée par le Premier Ministre d’alors suite à la remise du rapport Peylet. L’association, créée fin 2015, s’est progressivement structurée grâce à la mise à disposition des équipes de l’ANRU et d’autres partenaires de l’Etat (DHUP, ADEME…) pour le lancement des premiers groupes de travail. L’ancien directeur général de l’ANRU est resté personnalité qualifiée de France Villes et territoires Durables jusqu’à son départ, et c’est très naturellement que j’ai proposé ma candidature comme trésorière lors de ma prise de fonctions au sein de l’ANRU, pour poursuivre l’engagement de notre Agence dans ce beau projet partenarial.
Concrètement, comment FVD peut appuyer l’Etat dans la mise en œuvre des politiques publiques pour l’aménagement urbain durable ?
JB Butlen – France Villes et territoires Durables, par sa capacité à mettre au tour de table les professionnels publics et privés de l’aménagement, agit comme un tiers de confiance pour mettre en dialogue les politiques publiques avec les réalités de terrain, éviter la duplication des initiatives et favoriser au contraire les synergies. Par ses travaux opérationnels et la mobilisation des expertises, l’association permet aussi d’identifier des priorités pour l’action, et de flécher les outils et bonnes pratiques pour accélérer la mise en œuvre des bonnes trajectoires. Le Manifeste pour les villes et territoires durables, les démonstrateurs identifiés dans le cadre de la démarche “habiter la France de demain” ou encore la contribution de FVD à la stratégie d’innovation urbaine dans le cadre de France 2030 ou au renouvellement de la démarche EcoQuartier sont des exemples concrets. Dans ce sens, FVD, dans le cadre de son programme de travail 2023, est déjà un appui certain dans la mise en œuvre des grandes orientations de l’Etat en matière de planification écologique, notamment dans la filière de l’aménagement, visant la sobriété énergétique, la sobriété foncière, et plus globalement la sobriété dans la consommation des ressources naturelles avec l’appui du Fonds Vert.
AC Mialot – Le tour de table qu’évoque Jean-Baptiste Butlen est unique en France, et essentiel pour avancer collectivement sur des sujets fondamentaux pour nos territoires qui restent encore à outiller voire à explorer. France Villes et territoires Durables, au-delà de l’expertise produite, constitue un espace d’échange inter-acteurs, à la fois publics et privés, dont nous avons besoin pour progresser dans la fabrique, le renouvellement et la gestion de la ville qui méritent plus que jamais ambition, excellence et innovation tant les défis sont grands.
Les quartiers dans lesquels nous intervenons, et leurs habitants, se caractérisent par des fragilités plus fortes qu’ailleurs, avec une surexposition aux crises qui se multiplient. Face à ce constat partagé, l’ANRU a lancé il y a quelques mois la démarche « Quartiers Résilients » avec l’objectif d’anticiper, d’adapter et d’atténuer les effets de ces crises. Dans le cadre de ces réflexions, France Villes et territoires Durables nous accompagne de son expertise, par des interventions/formations et l’appui prochain à certains territoires ciblés. Ils nous ont aussi permis de trouver des sources d’inspiration hors de nos frontières en organisant, pour nos équipes, un voyage d’étude à Rotterdam.
Nous avons enfin à cœur de pouvoir partager et mettre en perspective nos politiques publiques et valoriser à l’international les spécificités de notre agence publique pour la revitalisation urbaine, par exemple en Pologne récemment.
Comment se traduit « l’inclusion », pilier fort du Manifeste de France Villes et territoires Durables dans ses actions ?AC Mialot – France Villes et territoires Durables agit en cohérence avec l’ensemble des piliers de son Manifeste, en promouvant les principes de sobriété, de résilience, d’inclusion et de création de valeurs, et en accompagnant leur déclinaison.
L‘inclusion doit être une boussole à toutes les échelles d’intervention. Nous devons encourager une transformation des quartiers qui favorise le renouvellement de la ville sur elle-même et l’économie des ressources, mais aussi et avant tout une vraie qualité de vie, un accès aux services essentiels, une mixité à la fois sociale et fonctionnelle, des espaces de participation, … Il s’agit également d’envisager des dynamiques d’agglomération renforcées qui intègrent, dans les politiques publiques locales d’aménagement comme dans les politiques économiques et sociales, les villes petites et moyennes, les quartiers qui présentent les difficultés sociales et les dysfonctionnements urbains les plus importants. Ces dynamiques de territoires sont essentielles pour limiter les effets d’enclavement ou de ségrégations.
La ville est par ailleurs un magnifique terrain d’expérimentation pour envisager des approches nouvelles autour de l’approche égalitaire et inclusive ou encore de la santé environnementale. Nous avons le devoir de mieux faire dialoguer cohésion sociale et transformation urbaine.
JB Butlen – Le territoire inclusif lutte en effet contre toute ségrégation sociale et spatiale, en protégeant les plus fragiles, en garantissant l’accès aux services essentiels, et en favorisant la mixité. L’implication de France Villes et territoires Durables dans le programme « Quartiers Résilients » de l’ANRU en est une illustration. Le territoire inclusif est aussi participatif et démocratique, et ces principes transparaissent également dans la gouvernance partenariale et équilibrée de l’association, qui permet son agilité d’action et son indépendance : chaque collège pèse à part égale dans le processus de décision.
En savoir plus sur
👉Les travaux de l’ANRU
👉et du Ministère de la Transition Ecologique et la Cohésion des Territoires