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Interview croisée de Bruno Bessis et Anne Vial

Le référentiel EcoQuartier a été récemment renouvelé. Découvrez les principales nouveautés et les perspectives du label à l’international à travers cette interview croisée entre Bruno Bessis, Conseiller ville durable à la DGALN et Anne Vial, Directrice de projet au Cerema.

Pouvez-vous expliquer la démarche derrière cette mise à jour et les principales nouveautés ? 

BB : C’était une commande de renouveler le processus ÉcoQuartier et le référentiel ÉcoQuartier. Pour le référentiel ÉcoQuartier, c’était quelque chose d’assez naturel puisque ce référentiel ÉcoQuartier a évolué pendant sa dizaine d’années d’existence. Il a en fait été  mis à jour, en fonction des contextes qui changeaient et de ce que l ‘on apprenait  nous-mêmes au fur et à mesure, notamment dans les GT organisés tout au long de ces années..

Pour le processus, l’objectif du renouvellement était d’être encore plus proche des élus, des leurs attentes, de diffuser le plus possible et donc d’avoir un discours encore plus audible et visible pour répondre encore plus aux besoins des territoires. Pour cela, nous avons proposé de renforcer l’accompagnement en phase amont, quand on peut encore faire évoluer et améliorer les projets, avec un appui en ingénierie et un appui financier. Nous avons également mis en place l’appellation « EcoProjet » aux opérations non achevées (en remplacement des anciennes « étapes 1 et 2 ») pour donner plus de forces au label EcoQuartier qui sera accordé aux opérations achevées (label EcoQuartier livré puis label EcoQuartier vécu)..

Il y a aussi une ambition internationale, à savoir le partage de cette vision de la ville et des quartiers durables : être au plus près de tous les territoires, quel que soit le contexte (petite ou grande collectivité) et offrir un accompagnement tout au long de cette opération.

AV : Le Cerema est présent aux côtés du Ministère depuis de nombreuses années pour apporter son soutien et son expertise sur la démarche EcoQuartier. Dans le cadre du renouvellement de la démarche, il a contribué au cadrage des transformations. Il a notamment défini les indicateurs, lié à l’approche performancielle et évaluatrice et contribué au remaniement du référentiel actualisé pour consolider et accélérer les réponses aux défis de la transition écologique. Il va également expertiser les projets dans le cadre du processus de labellisation renouvelé et poursuivre un accompagnement direct des collectivités (15 par an) sur les projets en phases amont, dénommés depuis cette année, les Ecoprojets.

Le label est aussi déployé à l’international, quels sont les objectifs du Ministère à travers la diffusion du label et comment est associé le CEREMA ?  

AV : Le Cerema déploie ses experts et son expertise en France, à l’Europe et à l’International pour la transition écologique et la cohésion des territoires. Dans tous pays, il est un partenaire de choix des institutions et des entreprises pour la mise en œuvre d’un aménagement durable des territoires au service du bien-être des populations. En tant que partenaire privilégié du Ministère sur la démarche EcoQuartiers et en tant qu’expert sur la Ville Durable, il est donc paru opportun d’engager une contribution du Cerema dans le cadre du déploiement de la démarche à l’international. Cette contribution s’inscrit dans une stratégie plus globale de positionnement du Cerema sur la ville durable à l’Europe et l’International à travers différentes missions de formations, d’expertises et d’appui aux politiques publiques urbaines. Cette mission sur les EcoQuartiers se réalise en collaboration avec FVD puisque notre action internationale est plus globalement dans l’esprit d’une valorisation de l’expertise publique française en cohérence avec les différentes sphères d’acteurs.

En termes de géographie, les projets portés actuellement sont en lien avec des opportunités issues de sollicitations des pays eux-mêmes ou des acteurs de l’action française à l’international (AFD, Expertise France) avec un fonctionnement de binôme avec le MTECT pour porter l’action publique française sur ces thèmes :

  • Une première mission sur les EcoQuartiers a ainsi été réalisée à l’automne 2022 au Japon pour expertiser la dernière étape (ex étape 4) de labellisation de l’EcoQuartier Morino City à Funabashi dans la banlieue de Tokyo. Une visite et des échanges avec les acteurs locaux ont permis de comprendre les spécificités de l’aménagement urbain au japon, notamment toute la place donnée à la vie collective, et le label a été décerné fin 2022.
  • Une Assistance Technique portant à la fois sur les EcoQuartiers (EcoBarrios) et la Construction Durable au Costa Rica en lien avec les Parties Prenantes Costariciennes (Ministère de l’aménagement et du logement et Institut National de l’Habitat et de l’urbanisme, notamment) ;
  • La contribution à une délégation en Pologne fin novembre 2022 organisée par France Villes et territoires Durables avec le soutien des ministères de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTE-CT) et de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), ainsi que l’appui de l’Ambassade de France à Varsovie, sur le thème « Villes Durables : dialogue franco-polonais sur les méthodes de stratégies durables à horizon 2050 » qui a permis la présentation de l’expertise et des outils du Cerema pour répondre aux défis climatiques, notamment sur les EcoQuartiers, la nature en ville, les espaces publics et l’économie circulaire.

Certaines de ces missions se poursuivent ou d’autres sont envisagées pour 2023.

BB : Ne pas créer de modèle d’éco-quartier, voilà donc ce qui est le plus apprécié par les délégations internationales et à l’international. Quand on présente le référentiel ÉcoQuartier, le discours est toujours d’expliquer que cette démarche est totalement contextualisable, puisque son principe fondamental est de poser des questions, et non d’apporter des réponses, et c’est là que réside la force de cette démarche et de ce référentiel : pousser les porteurs de projet à se poser des questions et les amener à apporter des réponses ambitieuses et contextualisées, en fonction des modes de vie, de la culture, du climat, etc…

Cela fonctionne bien à l’international et ce que l’on apprend au fur et à mesure que l’on avance c’est que finalement, ce cadre de réflexion – ce qu’on ne savait pas a priori – fonctionne qu’on soit dans un petit village africain, dans une ville japonaise, ou en Colombie ou au Mexique…– c’est-à-dire que les quatre dimensions et les 20 engagements globalement parlent quels que soient les contextes.

On a au moins 10 pays intéressés aujourd’hui sur le principe. Des labels, il n’y en a pas tant que ça pour l’instant. L’objectif n’est pas non plus qu’il y ait des dizaines d’éco-quartiers à l’international que l’on ne pourrait de toute façon pas suivre. Ce qui est important pour nous, et ça répond à votre question, c’est de s’assurer qu’avec quelques éco-quartiers sur tous les continents, dans tous les contextes, on partage une vision et on pousse ces pays à élaborer leur propre stratégie, leurs propres outils pour accompagner la transformation des territoires… Ça nous permet aussi de nous dire qu’on ne se trompe pas et qu’on est sur la bonne voie, vu qu’on arrive à le partager.. Donc le grand intérêt pour la France est de partager une vision et de consolider cette vision, et sur un plan plus politique, de continuer à positionner la France comme un des pays les plus avancés en termes de développement durable – en tout cas- en termes d’organisation, de politiques publiques, d’engagement financier (avec tous les plans qu’on met en place), d’outils méthodologiques et d’accompagnement des collectivités. Tout ça autour d’une vision partagée, puisqu’elle fonctionne dans tous les pays.

 

Quel bilan et quelles perspectives pour le label Ecoquartier à l’international ? 

BB : Les pays avec lesquels on travaille sur cette démarche sont (avec des aléas à chaque fois*) :

  • Ceux avec lesquels il y a déjà un label (même si parfois ce n’est que l’étape 1) = Japon, Mexique, Colombie, Sénégal.
  • On avance très bien avec la Tunisie, le Maroc, le Costa Rica et avec des pays européens (la Roumanie, et on continue à avancer également avec la Pologne).

Et je n’ai pas cité le Cameroun, qui semble aussi être intéressé par la démarche.

Parmi nos perspectives, c’est vraiment de continuer à partager cette vision de la ville durable et des éco-quartiers. S’assurer qu’on est sur la bonne voie et enrichir nous-mêmes nos propres politiques des expériences de ces autres pays. C’est aussi arriver à une action coordonnée. Cette conviction de la transformation ou de la transition écologique : si on ne la fait qu’en France ça ne changera rien au changement climatique. C’est l’ensemble des territoires qu’il faut faire évoluer, en France et à l’international. Et si on peut apporter notre pierre à l’édifice en partageant cet outil ÉcoQuartier, cette méthode et cette façon d’imaginer et de se projeter, c’est notre rôle de le faire. L’avenir est de continuer à partager, de continuer à diffuser cette vision et de continuer nous-mêmes à nous enrichir grâce à ces échanges.

AV : Pour le Cerema il s’agit de poursuivre et de consolider son expertise sur la ville durable à l’international à travers la définition d’une stratégie en cohérence avec celles de FVD et du Ministère. La poursuite de l’appui des instances ministérielles et des collectivités sur les EcoQuartiers est une priorité en synergie avec sa stratégie d’appui, de recherche et d’innovation auprès des territoires et des instances européennes et internationales. A l’échelle européenne, l’accompagnement de l’ambassade de France en Roumanie pour le concours de bonnes pratiques sur la ville durable à destination des collectivités territoriales roumaines a démarré avec l’appui à la définition des objectifs et la formation des collectivités. Il s’agit donc en terme de perspective pour le Cerema de renforcer ses partenariats et de structurer son accompagnement pour contribuer à travers ses outils et retours d’expériences à la montée en compétences et à l’essaimages de modes de faires plus vertueux sur le champ de la Ville Durable.

Pour aller plus loin : 

Pour tout savoir sur la Démarche EcoQuartier

En savoir plus sur les travaux du Cerema

About Solène

Mission Officer, Working Group, and Projects. Student at the Urban School of Sciences Po Paris, focusing on the ecological transition of cities.

About Quentin

Motivated by climate issues and planetary boundaries, Quentin decided to study land use planning at the Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. His experience in associative field at the Fresque du Climat, helped him to better understand the stakes of the ecological bifurcation. Between his native Haute-Savoie and his home town Rennes, where he gained expertise in mobility and sustainable agriculture, he is now based in Paris to deploy the Sustainable City by France’s territorial workshops throughout the country.

About Alice

After five years’ study at Sciences Po Lyon, with a specialization in territorial transitions, Alice joined Sustainable City by France (France Villes et territoires Durables). She actively contributes to the deployment of the association’s territorial workshops and working groups.
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Currently studying as a second-year Master’s student in International Relations at University Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Tara holds a Bachelor’s degree from INALCO, with a double-major in Hindi language, and International relations / Environmental studies. Her work with us is in line with her former experiences at UNESCO and the Ministry of Europe and Foreign Affairs, thus deepening her professional expertise in the field of environmental diplomacy and international cooperation for sustainable development.

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She holds a Master’s degree in Development Economics from the Panthéon-Sorbonne University and is currently studying for a Master’s degree in International Relations and Action Abroad at the same university. She approaches the problems of sustainable cities and territories through these different perspectives and her international experiences.

About Isabelana

Isabelana is a Mexican journalist who holds a Master’s degree in Digital Communication and Data Analysis from the Sorbonne University. She previously worked in communication and press relations in the cultural sector in France and Mexico. Today, she is interested in ecological actions and solutions to preserve the environment and the biodiversity.

About Camille

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With a background in social sciences, art history and architecture, Camille has worked in communication within the VINCI group: from major international projects to La Fabrique de la Cité, a think tank dedicated to urban foresight.

About Alexandra

A geographer by training (Saint Petersburg State University), she started as a geographer and economist at the Academy of Agricultural Economics (Russia), before pursuing her career in France as an administrative and accounting assistant (Air Liquide, Association TGV Provence Côte d’Azur, COFHUAT, Groupe Hervé)

About Marion

Trained in international and European affairs between England and France as part of a double degree at Sciences-Po Lille / University of Kent, Marion started her career in advocacy and institutional relations of non-governmental organisations, in the fair trade sector (Max Havelaar France label). Her experiences are also linked to territories, with a passage in decentralised cooperation at the level of a departmental council.

About Sébastien

Before joining the SCbF team, he held several positions in local government management. From elected official and deputy mayor of his native city Besançon, in charge of university relations and international cooperation, to Director of Economic Development of the City of Pantin, to Chief of staff in Montreuil – where he notably piloted the in-depth redesign of the urban project towards more ecology and sustainable development – he continued his career as Senior Resilience Officer of the City of Paris.
He promotes a holistic and systemic vision of sustainable development and brings his expertise in territorial resilience, ecological and social transition.
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