Mode sombre

Retour sur la Délégation France Villes et territoires Durables en Roumanie

Du 21 au 23 juin 2023, France Villes et territoires Durables était à Bucarest, pour sa deuxième délégation à l’étranger avec des représentants des quatre collèges de l’association. 

Ce déplacement s’inscrit dans la dynamique instaurée par le concours de bonnes pratiques sur la ville durable à destination des collectivités roumaines, Orașe Durabile, animé par le poste diplomatique en lien avec la Chambre Française de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture en Roumanie (CCIFER) depuis 2016.  

Découvrez les temps forts de ces trois jours de visites de terrain et d’échanges franco-roumains entre professionnels de la ville durable. 

21 juin : Visites de terrain à Bucarest 

Accompagnés par un guide passionnant, Bogdan-Alexandru Suditu (Président du comité d’urbanisme de la ville de Bucarest, Docteur en géographie et diplômé de l’ENA), les participants ont pu découvrir les multiples facettes de la capitale roumaine : du centre historique avec un fort enjeu de rénovation du patrimoine, au quartier d’habitat précaire de Ferentari, en passant par le secteur 6 et son nouveau quartier propice à l’installation des familles, au pied du parc Liniei. 

Ces visites d’études se sont concentrées sur les enjeux de régénération urbaine, d’inclusion sociale et d’adaptation au changement climatique des quartiers de Bucarest, une ville marquée par l’héritage communiste. 

 

Les principales informations à retenir :  

  • La ville de Bucarest est divisée en six secteurs administratifs, ayant chacun un maire. Il existe également une Mairie générale de la Ville de Bucarest. Ces deux échelles administratives se partagent les compétences de planification urbaine, mais leur coordination est parfois complexe.
  • Durant l’époque communiste, le paysage urbain a été fortement modifié, façonné selon les volontés de Ceaușescu. Le dictateur a orchestré la démolition sauvage d’une bonne partie du centre historique de Bucarest (environ un tiers de la ville) – un véritable traumatisme dans la mémoire des habitants. Dès les années 1960-1970, l’État fait le choix de construire des “blocs” de logements collectifs, encore majoritaires dans la plupart des quartiers de la capitale aujourd’hui. La nationalisation des entreprises privées et d’une bonne partie des biens des individus, durant la période communiste, pose encore problème à ce jour malgré l’instauration d’un nouveau droit de la propriété (le processus de rétrocession n’est pas terminé).
  • Les anciennes zones industrielles de la capitale sont devenues résidentielles, ou ont laissé la place à des friches voire à des déchetteries sauvages. Toutes ne sont pas encore réhabilitées, et le pays souffre d’un manque de registre et de zonage autour de ces terrains.
  • Le modèle actuel de promotion immobilière n’est pas favorable à la rénovation urbaine et la généralisation de l’habitat privé collectif rend difficile toute forme d’intervention (absence de logement social).
  • De grands projets sont en cours pour lutter contre l’utilisation de la voiture individuelle, qui pose problème à Bucarest sur les plans du parking, de la circulation automobile et de la pollution de l’air. Pourtant, les transports en commun (tramway, bus) sont très développés, mais il s’agit désormais de généraliser leur usage et de sensibiliser les populations.

Temps forts des visites de terrain : 

  • Rencontre avec Robert Mihai Bașca, architecte en chef du Secteur 5 (sud-ouest de Bucarest), à Ferentari – un quartier périphérique aux multiples défis économiques et sociaux. Cette partie de la ville était, comme toutes les autres, destinée à être démolie pour permettre la construction de “blocs”, mais ce projet n’a jamais vu le jour. Après la fin du communisme, ce quartier marginalisé est donc resté le plus pauvre de la ville, marqué à ce jour par l’insécurité et l’insalubrité. Des projets sont en cours pour essayer de relier Ferentari au reste de la ville, avec notamment l’idée de construire un axe de mobilité douce à l’emplacement d’une ancienne voie ferrée désaffectée restée à l’état de terrain vague.
  • Promenade dans le Secteur 6 avec le maire du secteur, Ciprian Ciucu. → Le Parc de la ligne (Parcul Liniei) a été récemment inauguré à Bucarest (au début du mois de juin 2023), à l’emplacement d’une ancienne friche industrielle. Véritable îlot vert pour les habitations aux alentours, et déjà un important lieu de socialisation, il s’agit de la première étape d’un projet de grande envergure qui suit une ancienne voie ferrée (mise en conservation sous une passerelle du parc), jusque dans un quartier défavorisé. Le chantier a nécessité la dépollution des sols, l’importation d’une terre plus fertile, le choix de plantes pérennes et autochtones, ainsi qu’un approvisionnement en eau depuis la rivière Dâmbovița. Ce projet avait été soumis à une consultation citoyenne, avant sa mise en place. 

→ Les “blocs” communistes ont entraîné une importante densité urbaine. Ces bâtiments sont souvent bordés de petits espaces verts, clôturés par souci de sécurité. Un travail important est conduit par la mairie de secteur pour supprimer ces clôtures et ouvrir les bâtiments sur des ilots de fraîcheur urbains.  

  • Découverte de l’ancienne Gare Filaret (en amont du Parlement de Bucarest), qui reliait Bucarest et Giurgiu (sud du pays). Un plan d’urbanisme prévoit la rénovation de cette zone. La première usine métallurgique de Bucarest, située juste à côté de l’ancienne gare, a d’ores et déjà été transformée en bar moderne (Expirat). 
  • Balade dans le “vieux Bucarest” : un quartier vibrant, plein de commerces, de bars et de restaurants, qui abrite également la Bibliothèque nationale (ancien bâtiment de la Bourse) ou encore le Palais Dacia-Romania qui accueille des expositions artistiques. Le dynamisme de ce quartier ne date que de la chute de Ceaușescu, les commerces ayant été nationalisés pendant l’époque communiste. 

22 juin :  

Conférence “Ville Durable” à l’Institut français 

Introduite par Son Excellence Laurence Auer, Ambassadrice de France en Roumanie, le Directeur de l’Institut français de Roumanie Julien Chiappone-Lucchesi et le Président du Conseil Directeur de la CCIFER Julien Munch, cette journée de tables rondes a illustré le dynamisme de la coopération franco-roumaine, dans les secteurs tant publics que privés.  

Cette séquence placée sous le signe du “réveil des quartier”, en écho aux piliers du référentiel EcoQuartier, a permis à plus de trente experts (Etat, société civile , entreprises) français et roumains d’échanger sur les démarches et méthodes pour intégrer les enjeux du développement durable dans des projets urbains, la réduction des pollutions dans les villes et la promotion d’une économie circulaire, la mobilité décarbonée et l’intermodalité, et la sobriété énergétique des bâtiments. 

Informations à retenir : Face à l’urgence climatique, la Roumanie souffre d’un retard et de problèmes en infrastructures. Les fonds structurels fournis par l’Union européenne aident, mais les autorités ont parfois des difficultés à savoir par où commencer pour les investir. 

Les jeunes lauréats du hackathon lancé par l’Ambassade de France en Roumanie (Rencontres Européennes de Transylvanie 2023 – projet « Urb ») , Bogdan Stoica et Mihail Vorobiov, sont également intervenus pour présenter leur projet de réhabilitation d’une friche agricole à Cluj, pour en faire un lieu de recherche pour leur université (l’USAMV de Cluj) sur des enjeux d’approvisionnement des centres des villes en produits agricoles. 

Intervenants roumains :  

  • Anca Ginavar : Directrice “Aménagement du territoire et développement urbain” au Ministère du Développement, des Travaux Publics et de l’Administration
  • Sebastian Bonis : Directeur général d’Optimeast et représentant de la ville d’Oradea
  • Irina Stoenescu : Vice-présidente PSC Group
  • Tatian Diaconu : CEO Nhood Romania, membre du Conseil directeur CCIFER
  • Alex Găvan : alpiniste et activiste (lutte contre la déforestation et projet de “ceinture verte”)
  • Teddy Lebrun : Directeur général Ecoviable Ingenierie
  • Dragos Gaitanaru : Project Manager Veolia Romania
  • Oana Neneciu : Directrice exécutive de l’ONG Ecopolis
  • Stelian Bujduveanu : Adjoint au Maire, Mairie de la Ville de Bucarest
  • Elena Farca : Directrice des Relations Internationales à la Mairie de Iasi
  • Codruta Leonte : Manager Public Affairs TotalEnergies Marketing Romania
  • Maria-Elena Seemann : Manager publique à la Municipalité d’Alba Iulia
 

Remise des prix “Oraşe durabile” aux collectivités roumaines lauréates, à la Résidence de l’Ambassadrice de France 

Pour sa 5ème édition, le concours s’est renouvelé avec l’appui du MTE-CT et du CEREMA, et les collectivités roumaines ont été invitées à candidater sur la base de projets et démarches intégrées, à partir du référentiel EcoQuartier. Les deux collectivités lauréates, qui bénéficieront d’un accompagnement personnalisé, ont été dévoilées lors de la cérémonie de remise des prix (la commune de Rășinari dans la catégorie “petites collectivités” et la municipalité de Târgu Mureș dans la catégorie “grandes collectivités”), de même qu’une mention spéciale du jury (la municipalité de Râmnicu Vâlcea dans la catégorie “grandes collectivités”). La délégation française était à cette occasion conviée à un cocktail à la résidence de l’Ambassadrice.  

 

23 juin : Atelier d’inspiration franco-roumain organisé par France Villes et territoires Durables 

France Villes et territoires Durables a réuni la délégation française et les villes lauréates du concours ”Oraşe durabile” pour partager leurs expériences et méthodologies autour du thème « ÉcoQuartiers : concevoir des quartiers sobres, inclusifs, résilients et créatifs ? », en présence d’une dizaine de collectivités roumaines. 

Les experts français ont partagé des bonnes pratiques, outils et méthodologies en échos aux défis qui ont été soulevés par leurs homologues lors de la visite de terrain et des échanges de la veille, et chaque séquence a été introduite par un projet porté par une collectivité roumaine, permettant d’exposer les ambitions pour le territoire et les éventuels défis rencontrés.  

4 Ecoquartiers ont été mis en avant comme exemples inspirants par le MTECT, le CEREMA et l’ANRU à cette occasion :  

Intervenants roumains lors de l’atelier :  

  • Carmen Olteanu : Conseillère municipale, commune de Rasinari
  • Coralia Goicovici : Conseillère professionnelle au bureau de l’architecte en chef de Târgu Mureș
  • Adina Vintan : Fondatrice de la coalition d’ONG “Valea Jiului Implicată”
  • Alexandru Suciu : Chef de cabinet du maire du Secteur 6 de Bucarest
  • Maria-Elena Seemann : Manager publique à la Municipalité d’Alba Iulia
  • Florence Devaux : Consultante en bilan carbone chez Econos Consulting 

 

Mais aussi :  

Cette délégation était l’occasion de lancer et renforcer des échanges institutionnels franco-roumains. Les participants ont notamment eu l’honneur de rencontrer le Maire général de Bucarest, Nicușor Dan, et la Directrice “Aménagement du territoire et développement urbain” du Ministère du Développement, des Travaux Publics et de l’Administration, Anca Ginavar. 

Les échanges et l’accompagnement des collectivités roumaines vont se poursuivre avec le soutien du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et du Cerema pour l’appropriation de la démarche ÉcoQuartier dans les territoires, et bientôt avec l’accueil d’une délégation roumaine en France ! 

Découvrez les retours d’expériences de cette délégation par les représentants de nos 4 collèges :

  • Christophe Degruelle, Vice-président du collège des collectivités France Villes et territoires Durables, Président Agglopolys Blois 
  • Djamila Ioualallen Colleu, Direction des affaires européennes et internationales, MTE-CT
  • Brigitte Bariol Mathais, Vice-Présidente du collège des experts, France Villes et territoires Durables, Déléguée générale de la FNAU 
  • Sylvain Chapon – Energy Solutions Global Business Unit – Low Carbon Cities, B.U SIRADEL Program Executive, Key Expert
  • Magali Vuillaume, Attachée de coopération technique et institutionnelle, Ambassade de France en Roumanie 

About Solène

Mission Officer, Working Group, and Projects. Student at the Urban School of Sciences Po Paris, focusing on the ecological transition of cities.

About Quentin

Motivated by climate issues and planetary boundaries, Quentin decided to study land use planning at the Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. His experience in associative field at the Fresque du Climat, helped him to better understand the stakes of the ecological bifurcation. Between his native Haute-Savoie and his home town Rennes, where he gained expertise in mobility and sustainable agriculture, he is now based in Paris to deploy the Sustainable City by France’s territorial workshops throughout the country.

About Alice

After five years’ study at Sciences Po Lyon, with a specialization in territorial transitions, Alice joined Sustainable City by France (France Villes et territoires Durables). She actively contributes to the deployment of the association’s territorial workshops and working groups.
See her LinkedIn profile 
Photo-circulaire-tara

Currently studying as a second-year Master’s student in International Relations at University Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Tara holds a Bachelor’s degree from INALCO, with a double-major in Hindi language, and International relations / Environmental studies. Her work with us is in line with her former experiences at UNESCO and the Ministry of Europe and Foreign Affairs, thus deepening her professional expertise in the field of environmental diplomacy and international cooperation for sustainable development.

See her LinkedIn profile

Photo-circulaire-carla

She holds a Master’s degree in Development Economics from the Panthéon-Sorbonne University and is currently studying for a Master’s degree in International Relations and Action Abroad at the same university. She approaches the problems of sustainable cities and territories through these different perspectives and her international experiences.

About Isabelana

Isabelana is a Mexican journalist who holds a Master’s degree in Digital Communication and Data Analysis from the Sorbonne University. She previously worked in communication and press relations in the cultural sector in France and Mexico. Today, she is interested in ecological actions and solutions to preserve the environment and the biodiversity.

About Camille

camille photo
With a background in social sciences, art history and architecture, Camille has worked in communication within the VINCI group: from major international projects to La Fabrique de la Cité, a think tank dedicated to urban foresight.

About Alexandra

A geographer by training (Saint Petersburg State University), she started as a geographer and economist at the Academy of Agricultural Economics (Russia), before pursuing her career in France as an administrative and accounting assistant (Air Liquide, Association TGV Provence Côte d’Azur, COFHUAT, Groupe Hervé)

About Marion

Trained in international and European affairs between England and France as part of a double degree at Sciences-Po Lille / University of Kent, Marion started her career in advocacy and institutional relations of non-governmental organisations, in the fair trade sector (Max Havelaar France label). Her experiences are also linked to territories, with a passage in decentralised cooperation at the level of a departmental council.

About Sébastien

Before joining the SCbF team, he held several positions in local government management. From elected official and deputy mayor of his native city Besançon, in charge of university relations and international cooperation, to Director of Economic Development of the City of Pantin, to Chief of staff in Montreuil – where he notably piloted the in-depth redesign of the urban project towards more ecology and sustainable development – he continued his career as Senior Resilience Officer of the City of Paris.
He promotes a holistic and systemic vision of sustainable development and brings his expertise in territorial resilience, ecological and social transition.
X