Création d’un tiers lieu dédié à l’architecture du quotidien dans le bâtiment de l’ancien tribunal de Mamoudzou
Une réalisation proposée par ANCT cœur de ville
Contributeur
marion.sybillin@cadema.yt
Descriptif
La Communauté d’Agglomération Dembeni Mamoudzou (CADEMA) a fait un triple constat :
- Le marché du logement est extrêmement tendu à Mamoudzou et l’essentiel de la production de logement est effectuée de manière diffuse par le privé, qui se constitue en auto-constructeur ou auto-promoteur, avec une qualité constructive variable ;
- Il existe un chaînon manquant dans les politiques d’amélioration de l’habitat, à l’interface entre pouvoirs publics, maitres d’œuvre et habitants pour accompagner les ménages dans la connaissance de la réglementation et des dispositifs d’aides potentiellement mobilisables ;
- Le centre-ville de Mamoudzou est avant tout perçu comme un chef-lieu administratif, sans véritable rayonnement culturel. Peu d’espaces sont animés en dehors des horaires d’ouverture des administrations. Cette situation participe à l’insécurité que connaît Mamoudzou.
De ces constats et de la rencontre avec la Direction des Affaires Culturelles (équivalent DRAC) et l’association Likoli Dago est né le projet de création d’un tiers lieu dédié à l’architecture du quotidien dans le bâtiment de l’ancien tribunal de Mamoudzou, seul bâtiment inscrit aux Monuments Historiques à ce jour dans le centre-ville de Mamoudzou.
Ce projet comporte ainsi un espace de coworking, de formation et de convivialité dans le jardin. Il pourra être mobilisé pour l’organisation d’événements culturels (concerts, expositions).
Sa réhabilitation se veut minimaliste, afin de montrer que l’on peut faire beaucoup avec peu. Une charpente en bambou viendra supporter la couverture pour remplacer la toiture aujourd’hui disparue.
- Construction
- Rénovation / Réhabilitation
- Matériaux
- Exploitation
- Qualité du logement
- Renouvellement urbain
- Économie collaborative
- Renforcement du lien social et de la solidarité
- Culture et loisirs
- Bâtiment
Fiche d'identité
- > 20 000 < 100 000 habitants
Évaluation du projet*
sur la base du déclaratif du contributeur
Critère n°1 : SOBRIÉTÉ
Le bâtiment est existant, le projet ne consomme pas de foncier supplémentaire et permet la réutilisation d’un bâtiment à l’abandon.
La toiture en bambou permet d’expérimenter l’utilisation d’un matériau local et biosourcé dans la construction.
La toiture en bambou permet d’expérimenter l’utilisation d’un matériau local et biosourcé dans la construction.
Une capitalisation sur sa mise en œuvre est prévue en partenariat avec l’Ademe.
Le bâtiment ne prévoit pas de rafraichissement par la climatisation et conserve la ventilation naturelle.
Le bambou utilisé pour la charpente est un matériau biosourcé et local.
Les aménagements prévus sont extrêmement sobres et expliquent le faible montant des travaux de rénovation prévus (sécurisation, couverture, mise en accessibilité et installation artistique).
Le projet conserve les traces du passé du bâtiment pour donner son identité au tiers lieu en construction.
La maintenance à prévoir est minimale du fait de la robustesse des techniques et matériaux employés : « faire beaucoup avec peu ».
Critère n°2 : INCLUSION
L’élaboration de ce projet a fait l’objet d’échanges avec le Conseil Citoyen du quartier M’gombani lors de son élaboration. D’autres associations souhaitent mobiliser ce lieu pour des activités en lien avec son objet (association SOLiHA Mayotte notamment).
Les Journées Nationales de l’Architecture de 2020 ont été l’occasion d’une présentation du projet aux habitants de la commune à travers une exposition et l’organisation d’un événement festif (présentation du travail en cours de jeunes de l’association Hip Hop Evolution).
Le compte instagram de l’association Likoli Dago permet une communication grand public autour de ce projet.
Ce projet de tiers lieu vise la rencontre de publics différents en un lieu unique à travers la multiplicité des programmes qui s’y rencontrent (co-working, formations autour de la construction et de l’amélioration du logement, café dans le jardin, etc.).
La mixité sociale et fonctionnelle est dans l’ADN de ce projet.
Les coûts d’accès à l’espace de coworking sont volontairement très limités pour permettre son usage par des personnes disposant de peu de moyens financiers (jeunes entrepreneurs de la commune par exemple).
Les formations visent notamment les auto-constructeurs de leur logement qui disposent eux aussi de moyens limités. Les habitants des quartiers M’gombani, Boboka, Barakani et Boubouni, concernés par une opération d’amélioration de l’habitat, se verront proposer en priorité l’accès à ces formations.
Pas encore de retours des usagers (PC obtenu, travaux prévus de mi-2021 à fin 2021).
Critère n°3 : RÉSILIENCE
L’élaboration de ce projet s’est nourrie du diagnostic élaboré par la CADEMA dans le cadre de son Plan Intercommunal de Lutte contre l’Habitat Indigne (PILHI) et de sa connaissance du tissu d’entrepreneurs local.
Une étude sur l’immobilier d’entreprise a confirmé le besoin d’espaces de coworking sur le territoire intercommunal.
L’élaboration de ce projet s’est nourrie du diagnostic élaboré par la CADEMA dans le cadre de son Plan Intercommunal de Lutte contre l’Habitat Indigne (PILHI) et de sa connaissance du tissu d’entrepreneurs local.
Une étude sur l’immobilier d’entreprise a confirmé le besoin d’espaces de coworking sur le territoire intercommunal.
Critère n°4 : CRÉATIVITÉ
La construction d’une charpente et les formations prévues sur les matériaux biosourcés contribuent à l’émergence de filières de construction locale.
L’espace de coworking a vocation à faciliter le lancement ou la consolidation de jeunes entreprises.
Les formations participeront à l’employabilité des jeunes formés.
Les événements culturels participeront à la structuration des acteurs du secteur, dans un contexte où le nombre de lieux de diffusion est aujourd’hui très limité à Mayotte.
Le projet a nécessité un accompagnement du cabinet Espelia pour identifier le montage juridique adéquat pour la gestion de ce lieu (convention de prêt à usage).
Ce montage pourrait évoluer vers la création d’une SCIC intégrant à la gouvernance du lieu la Ville de Mamoudzou et la CADEMA.
Critère n°5 : POTENTIEL DE RÉPLICABILITÉ
La construction de la toiture en bambou fera l’objet d’une capitalisation en vue d’une diffusion de bonnes pratiques et d’identification des marges de progression.
Le volet formation, financé pour un an par Action Logement sur sa ligne « innovation », a vocation à être capitalisé pour envisager la création d’une formation plus institutionnalisée et pérenne dans le temps.
La création de tiers lieu est envisagée sur d’autres lieux du territoire de la CADEMA ; le retour d’expérience de ce premier tiers lieu nourrira la construction des suivants.