Mode sombre

Interview avec Gilles QUENEHERVE, Chef de projet senior chez LGI Sustainable Innovation

LGI sustainable innovation, cabinet conseil en innovation stratégique au service des territoires durables, est membre du collège des experts de l’association et fait partie du consortium européen NetZeroCities, qui apporte un accompagnement en ingénierie pour les 100 villes européennes lauréates de la Mission Villes du programme de R&I Horizon Europe.

Gilles Quénéhervé, Chef de projet senior, nous apporte ses éclairages sur le mode opératoire des Missions, les opportunités associées et le rôle de LGI dans cet accompagnement.

 
Qu’appelle-t-on les « Mission Européennes » ?

Dans le cadre d’Horizon Europe (HE), le programme de recherche de l’Union Européenne, la Commission a lancé cinq « Missions », une nouvelle approche qui vise à penser les politiques de recherche & innovation en fonction d’un objectif marquant défini au préalable. L’idée était de s’inspirer du succès de la « Man on the Moon Mission » lancée en 1961 par le Président Kennedy : un objectif avec un signifiant très fort, un calendrier fixe, une collaboration intersectorielle, de multiples co-bénéfices induits et un impact sociétal manifeste.

Cinq Missions ont donc été lancées en 2021 sur les thématiques suivantes :

  1. Adaptation au changement climatique ; aider au moins 150 régions et communautés européennes à devenir résilientes au changement climatique d’ici 2030 ;
  2. Cancer ; collaboration avec le plan européen “Vaincre le cancer” pour améliorer la vie de plus de 3 millions de personnes d’ici 2030 par la prévention, la guérison et des solutions pour vivre mieux et plus longtemps ;
  3. Restaurer nos océans et nos eaux d’ici 2030 ;
  4. Villes neutres pour le climat et intelligentes : 100 villes neutres pour le climat d’ici à 2030 ;
  5. Un accord sur les sols pour l’Europe : 100 living labs et lighthouses pour mener la transition vers des sols sains d’ici 2030.

L’intitulé des différentes Missions suggère déjà des différences notables entre elles. Par exemple, si l’on peut appréhender relativement rapidement ce que peut signifier « 100 villes neutres sur le plan climatique d’ici à 2030 », il est plus difficile de définir à quoi correspondent des océans et eaux « restaurés ». Par ailleurs, le périmètre géographique des cinq Missions est assez différent, la Mission Adaptation et la Mission Océan couvrant un espace potentiellement beaucoup plus large que la Mission Villes par exemple, tandis que la Mission Cancer n’est pas forcément rattachée à un territoire donné.

Côté gouvernance, la stratégie globale des Missions est définie par un Mission Board de 15 experts tandis que leur mise en œuvre est suivie par un Mission Manager en collaboration avec une DG de liaison (CLIMA, RTD, MARE, ENV, AGRI).

 
Comment ça marche et quelles opportunités pour les villes et territoires ?

Concrètement, rien de très nouveau sur le volet mise en œuvre, les Missions étant largement mises en œuvre par des projets classiques H2020/HE de type CSA/RIA/IA avec leur formalisme habituel – même si là encore chacune des Missions a ses spécificités, la Mission Adaptation ayant par exemple recours à un prestataire pour gérer une partie des activités de la Mission Platform.

Ce qui change, c’est le budget alloué, très significatif, dont le total sur 2021-2024 dépassera très vraisemblablement les 2 milliards d’euros, soit environ 4% du budget d’Horizon Europe sur la période. Logiquement, cela donne des projets à fort budget qui avoisinent parfois les 15-20M€ voire plus, avec donc la possibilité de financer des projets ambitieux sur plusieurs années. Outre leur dimension, les calls de la Mission se caractérisent par leur large périmètre et une ambition « systémique » clairement affichée, l’idée étant de dé-siloter les différentes innovations sectorielles au service d’un objectif commun.

Une partie des financements des Missions « Villes » et « Adaptation » sont directement fléchés pour les villes et territoires, de même pour certains appels de la Mission « Sols », avec la possibilité de financer la mise en place de démonstrateurs locaux (e.g. le réaménagement d’un carrefour routier urbain, la réhabilitation d’un quartier à énergie positive intégrant des solutions basées sur la nature, etc.), et d’envisager leur réplication par d’autres villes ou territoires. Ces trois Missions sont donc vraisemblablement les plus pertinentes pour les membres de FVD.

Plus d’informations sur le site du ministère de la recherche.

 
La Mission Villes, NetZeroCities et le rôle de LGI

La Mission Villes est originale en cela que dès de la publication du Mission Implementation Plan en septembre 2021, elle a pu s’appuyer sur le projet H2020 NetZeroCities pour la mise en place de la Mission Platform, spécificité qui a soutenu la structuration rapide de la Mission. Ce document de cadrage vient préciser le périmètre de la Mission Villes en termes d’objectifs et d’aire géographique et reste toujours d’actualité 3 ans après sa publication.

Parmi l’éventail de services mis à disposition par la Mission Platform, on retrouve notamment le Pilot cities programme (PCP) réservé aux Mission Cities, les 100 villes sélectionnées par la Commission en Janvier 2022 pour faire partie de la Mission – ainsi que 12 villes provenant de pays associés. Le programme consiste à financer directement des actions locales de décarbonation via une approche holistique impliquant différents secteurs et acteurs, au premier rang desquels les citoyens avec des financements entre 0,5M€ et 1,5M€. Le PCP s’articule avec un twinning programme qui permet de faire le lien entre des villes pilotes dites « pionnières » et des villes qui souhaitent s’inspirer de leur action afin de favoriser l’échange de bonnes pratiques. Un prochain Call for Twin Cities ouvrira par ailleurs en avril. NetZeroCities apporte également un soutien continu aux Mission Cities dans leur parcours de transition. Le consortium accompagne notamment chacune d’elles à la mise en place d’un Climate City Contract (CCC), une démarche de gouvernance innovante qui s’articule autour de trois composantes : des engagements (Commitments), un plan d’action (Action Plan) et un plan d’investissement (Investment Plan) visant à structurer la transition d’une collectivité vers la neutralité climatique. Le Mission Portal est l’interface digitale où les villes peuvent consulter un certain nombre de ressources, discuter entre elles et avec les experts de NetZeroCities, soumettre leur CCC et leur candidature au PCP, etc. Les villes sont guidées par des City Advisors chargés d’accompagner les villes dans l’utilisation optimale de ces services. Enfin, les villes vont dans les prochains mois bénéficier d’un soutien très significatif pour les aider à financer leur plan d’action avec notamment le recrutement de City Finance Specialists (CFS), qui les accompagneront dans les travaux de préparation de financement de projet (project finance preparatory work) ainsi que sur l’engagement des marchés de capitaux. Le CFS qui couvrira les villes françaises sera recruté par LGI.

Plus d’informations sont disponibles sur le site public de NetZeroCities.

 
Comment LGI peut accompagner les membres de FVD dans ce contexte ?

En tant que partenaire des consortia NetZeroCities et de son pendant pour la Mission Adaptation Pathways2Resilience, LGI serait ravi d’aider les villes et collectivités à maximiser leur utilisation des services proposés par le projet. LGI peut également faciliter leur intégration dans des propositions de projets financés par les trois Missions. A ce sujet, LGI se propose d’organiser prochainement un webinaire à destination des membres de FVTD afin de revenir sur les différentes opportunités offertes par les trois Missions, échanger sur les bonnes pratiques pour monter une proposition, rechercher des partenaires, etc.

A propos de LGI

LGI est un cabinet européen de conseil en innovation durable qui propose des services de stratégie, de financement, de gestion et de communication en matière d’innovation pour les innovateurs publics et privés.

En savoir plus 

📣Pour découvrir les missions de France Villes et territoires Durables à l’international

A propos de Solène Martin

Chargée de Mission, Groupe de Travail et Travaux. Étudiante à l’École Urbaine de Sciences Po Paris sur la transition écologique des villes.

A propos de Quentin Guillemot

Animé par les questions climatiques et les autres limites planétaires, Quentin se dirige vers un parcours sur l’aménagement du territoire à l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. Son expérience dans les milieux associatifs, notamment à la Fresque du Climat, l’aident à mieux saisir les enjeux de la bifurcation écologique. Entre sa Haute-Savoie natale et sa ville de cœur, Rennes, où il a gagné en compétence sur les sujets de la mobilité et de l’agriculture durable, il pose aujourd’hui ses valises à Paris pour déployer les ateliers territoriaux de France Villes et territoires Durables dans tout le territoire. 

A propos de Tara Goodwin

Diplômée d’une Licence de l’INALCO (Langues’O) en langue Hindi et bi-cursus Relations internationales – Humanités environnementales, Tara est actuellement étudiante en alternance du Master 2 Relations Internationales et Action à l’Étranger de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses missions chez France Villes et territoires Durables s’inscrivent dans la lignée de ses expériences à l’UNESCO et au Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, contribuant ainsi à son insertion professionnelle dans le domaine de la diplomatie environnementale et de la coopération internationale pour le développement.

A propos d'Isabelana Noguez

Diplômée du Master en Communication Numérique et Analyse de Données à la Sorbonne Nouvelle, Isabelana est une journaliste mexicaine. Elle a travaillé précédemment dans la communication et les relations presse dans le secteur culturel en France et au Mexique. Aujourd’hui, elle s’intéresse aux enjeux écologiques et aux actions et solutions pour préserver l’environnement et la biodiversité.

A propos de Marion Gonzales

Formée aux affaires internationales et européennes entre l’Angleterre et la France dans le cadre d’un double diplôme Sciences-Po Lille / Université du Kent, Marion a débuté sa carrière en plaidoyer et relations institutionnelles des organisations non gouvernementales, dans le secteur du commerce équitable (Label Max Havelaar France). Elle est aujourd’hui responsable de la communication et des affaires internationales de l’association.

A propos de Camille Waintrop-Boyon

Issue des sciences sociales, de l’histoire de l’art et de l’architecture, après diverses expériences dans la gestion de projets culturels et la production audiovisuelle, Camille a travaillé dans la communication au sein du groupe VINCI : depuis les grands projets à l’international jusqu’à La Fabrique de la Cité, think tank dédié à la prospective urbaine.
Carla DONCESCU

Diplômée d’un master 2 en Economie du Développement à Panthéon-Sorbonne, et actuellement en formation alternance du Master 2 Relation Internationale et Action à l’Etranger dans la même Université, c’est à travers ces différents prismes et ses expériences à l’internationale qu’elle approche les problématiques de villes et territoires durables.

Voir son profil Linkedin

 

Manon EXBALIN

Diplômée d’un Master en sociologie de la communication, Manon a travaillé précédemment pour Greenpeace, la Mairie de Paris (en particulier pour venir en aide aux étudiants), et le Ministère de la Transition Ecologique (DGALN – Mission Communication).

Voir son profil Linkedin 

Géographe de formation (Université d’Etat de Saint-Pétersbourg), elle a débuté au poste de géographe économiste à l’Académie d’Économie Agricole (Russie), avant de poursuivre sa carrière en France, en tant qu’assistante administrative et comptable (Air Liquide, Association TGV Provence Côte d’Azur, COFHUAT, Groupe Hervé)

A propos de Sébastien Maire

Avant de rejoindre l’équipe FVD, il a occupé plusieurs postes dans la gestion des collectivités locales. Allant d’élu et adjoint au maire de sa ville natale Besançon, chargé des relations universitaires et de la coopération internationale puis Directeur du Développement économique de la Ville de Pantin, pour ensuite être directeur de cabinet à Montreuil où il a notamment piloté la refonte en profondeur du projet urbain vers davantage d’écologie et de développement durable, Il continue son parcours en tant que Haut Responsable de la Résilience de la Ville de Paris.

Il promeut une vision holistique et systémique du développement durable et apporte son expérience/expertise en résilience territoriale et en transition écologique et sociale.
X