Le Planetary Boundaries Science Lab a annoncé fin septembre 2025 le franchissement de la 7ème limite planétaire : l’acidification des océans.
Les limites planétaires : le cadre vital du système Terre
Le concept des limites planétaires, développé par une équipe internationale de chercheurs dès 2009, définit les neuf grands processus biophysiques qui régulent la stabilité du système Terre : climat, biodiversité, cycles de l’azote et du phosphore, usage des sols, ressources en eau douce, ozone stratosphérique, aérosols atmosphériques, pollution chimique et acidification des océans.
Tant que ces limites ne sont pas franchies, la planète reste dans une zone de fonctionnement stable, propice à la vie telle que nous la connaissons. Mais lorsque ces seuils sont dépassés, le risque augmente de voir apparaître des points de bascule susceptibles de transformer durablement les conditions de vie sur Terre.
L’impact du CO₂ sur l’équilibre des océans
Les océans absorbent une part importante du dioxyde de carbone (CO₂) émis chaque année par les activités humaines, ce qui provoque une acidification progressive de l’eau de mer.
Cette acidification affaiblit les coquillages, coraux et planctons calcifiants, piliers de la chaîne alimentaire marine. À mesure que ces organismes disparaissent, c’est tout l’équilibre océanique qui vacille.
Le rapport Planetary Health Check 2025 souligne pour la première fois que ce processus a désormais franchi la limite de sécurité définie pour la stabilité du système Terre.
Sept limites sur neuf désormais dépassées
Selon le rapport, sept des neuf limites planétaires sont désormais transgressées :
- Changement climatique
- Érosion de la biodiversité
- Perturbation des cycles de l’azote et du phosphore
- Changement d’usage des sols
- Pollution chimique (nouvelles entités)
- Utilisation de l’eau douce
- Acidification des océans
Seules deux limites — la couche d’ozone et les aérosols atmosphériques — demeurent encore dans la zone sûre, mais leur stabilité reste fragile.
Les scientifiques alertent : l’Anthropocène, cette ère où l’humanité est devenue une force géologique majeure, exige une transformation rapide et systémique de nos modes de production et de consommation.
Comme le souligne le rapport :
« Rester dans ces limites, c’est garder la Terre comme un foyer sûr. Les dépasser, c’est compromettre notre propre système de survie. »
Le "donut 3.0" : une évolution pour suivre des tendances du XXIe siècle
Le Doughnut Economics Action Lab a dévoilé, début octobre, le « Donut 3.0 ». Cette mise à jour permet désormais de suivre l’évolution mondiale des insuffisances sociales et des dépassements écologiques du XXIème siècle.
La théorie du “Donut” a été développée par l’économiste Kate Raworth pour repenser la place de l’économie dans nos sociétés.
Le “Donut” représente un espace sûr et juste pour l’humanité, délimité par deux frontières : Un “plafond” correspondant aux limites planétaires et un “plancher” qui représente les besoins fondamentaux.
Depuis sa première publication en 2012, le « Donut » a évolué dans sa structure, ses indicateurs et sa représentation graphique afin de mieux refléter les interactions entre bien-être humain et durabilité environnementale.
Dans son rapport le plus récent, Kate Raworth revient sur l’origine de cette approche, ses principales sources d’inspiration et les enseignements tirés de ses trois premières versions.
Cette mise à jour souligne la volonté d’adapter le cadre du « Donut » aux défis contemporains, en intégrant notamment les enjeux territoriaux, les inégalités sociales et les limites biophysiques désormais franchies.
Pour aller plus loin, découvrez l’étude « Doughnut of social and planetary boundaries monitors a world out of balance », co-rédigée par Andrew Fanning, responsable de la recherche et de l’analyse des données du Doughnut Economics Action Lab (DEAL) et Kate Raworth, publiée dans la revue scientifique Nature.
France Villes et territoires Durables mène des travaux pour intégrer les limites de l’habitabilité de la planète (proposés en 2009 par Rockström et al) dans les stratégies et planifications territoriales.
La territorialisation des limites planétaires implique de croiser les connaissances scientifiques sur le système Terre avec des données territoriales robustes, mais aussi d’impliquer les acteurs locaux dans la co-construction de trajectoires soutenables.
A ce titre, notre association soutien et accompagne deux thèses pour faciliter la mise en œuvre de ces concepts sur le terrain.
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